Le Maroc pointe à la 95e place sur 152 pays couverts par l’indice 2019 du e-commerce entre entreprises et consommateurs (B2C), publié annuellement par la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced). Les auteurs de ce classement ont relevé que, en 2018, les acheteurs en ligne au Maroc représentent 22% des utilisateurs d’Internet et 14% de la population. En attendant le nouveau classement, les experts et professionnels du secteur s’accordent tous à dire que le e-commerce a connu un boom exceptionnel depuis le début de la pandémie du Covid-19 et qu’il a encore de beaux jours devant lui. Plusieurs éléments permettent en effet de croire à une dynamique positive du commerce électronique au Maroc. Outre l’effet confinement qui a amené de nombreux Marocains à adhérer au mouvement de l’achat en ligne, il faut citer la quasi-généralisation de l’accès à Internet et la grande offre de Smartphones qui couvre toutes les bourses. En effet, rien qu’en 2019, le parc des abonnés Internet s’est établi à 25,38 millions enregistrant une hausse annuelle de 11,43% (contre 2,6% en 2018) et un taux de pénétration de 71,33%.
Le parc Internet mobile a enregistré une croissance annuelle de 11,22% (contre 2,21% en 2018) pour atteindre 23,68 millions d’abonnés. De son côté, le parc 4G s’élève à 15,72 millions, enregistrant une hausse de 63,66% sur une année (contre 40,61% en 2018).
L’évolution de ce marché est due également à la prise de mesures juridiques, réglementaires et de sensibilisation dans le cadre de grandes stratégies nationales. Cette volonté politique a été initiée depuis le plan Maroc Numeric qui a contribué à la multiplication des sites
de commerce et des services de l’administration électronique. Aujourd’hui, et au vu des changements actuels, une nouvelle stratégie numérique est dans le pipe. Le document y afférent était d’ailleurs au cœur d’une séance de travail, organisée en septembre dernier, entre Moulay Hafid Elalamy, ministre de l’Industrie, du commerce et de l’économie verte et numérique, et les différents acteurs du secteur. «Nous avons travaillé aujourd’hui ensemble pour préparer le lancement de cette stratégie pour la mettre en œuvre avec les échéances les plus courtes possible», a promis le ministre.
Cette stratégie porte essentiellement sur l’accompagnement des acteurs du digital (auto-entrepreneurs, startups, TPME) et l’accélération de la digitalisation des administrations au service du citoyen. Elle vise également à stimuler la création d’emplois par le développement des compétences dans les métiers du digital, l’amélioration de la gouvernance du secteur et le renforcement de la souveraineté numérique. Des actions qui contribueront également à l’essor du commerce électronique.
Par ailleurs, et dans sa dernière note d’orientations générales pour le développement du Digital au Maroc à l›horizon 2025, l’Agence de développement du digital (ADD) indique que «l’un des principaux moteurs de l’économie numérique est le commerce électronique, tiré par des plateformes numériques dédiées à la transaction de biens et services. Ce secteur a connu ces dernières années au Maroc une progression importante, dynamisée par l’évolution de l’usage des TIC, l’augmentation du nombre d’internautes et des cyber-consommateurs. Dans ce cadre, le renforcement des conditions nécessaires pour le développement du commerce électronique permettrait au Maroc de profiter des potentialités qu’offre ce secteur pour l’économie nationale». Et de déduire, entre autres, que «le Maroc gagnerait à mettre en place des mesures incitatives pour la croissance du commerce électronique, à la fois aux niveaux logistique, réglementaire, promotionnel, transactionnel et en termes de connectivité».
Autre élément ayant contribué à l’essor du secteur, l’adoption du paiement par carte. En effet, depuis la création juridique du centre de monétique interbancaire (CMI), en 2001, on assiste à une multiplication des solutions d’encaissements électroniques. Dans sa note relative à l’activité monétique au premier semestre 2020, le CMI indique que l’activité du paiement via Internet est restée sur un trend ascendant avec une progression de +23,6%. Une progression encore confirmée par les derniers chiffres publiés par le CMI à fin septembre, et qui traduisent un changement important dans le comportement du consommateur. « La progression du nombre de paiements en ligne avait connu un net ralentissement en 2019 (+10,9% sur 9 mois contre +30,1% un an auparavant) mais cette année, ils accélèrent de 41,4%. Certes, les montants réglés sur la Toile progressent moins vite (+28,1%), mais s’établissent à 4,1 milliards de dirhams, contre 3,2 milliards l’an dernier sur la même période. Le montant moyen réglé par carte sur Internet ressort à 425 DH, soit très proche du niveau moyen enregistré par les commerçants (399 DH)», note le CMI.
Tous les indicateurs sont au vert pour le e-commerce au Maroc, il faut à présent que les acteurs du secteur se focalisent plus sur l’analyse des comportements des consommateurs et leurs besoins pour y répondre efficacement et contribuer ainsi à maintenir cette tendance et cet engouement pour le commerce en ligne.
Source : lematin.ma